jeudi 25 avril 2013

L.L. Kloetzer, auteur hybride né au milieu des années 70, est apparu sur la scène littéraire avec CLEER (Denoël, 2010), chroniques d’une multinationale totalitaire. Son second roman, Anamnèse de Lady Star fera date dans l'histoire de la science-fiction française.
Futur proche.
Un attentat à Islamabad a provoqué une pandémie terrifiante. Les trois quarts de la population mondiale ont disparu. L'arme utilisée : la bombe iconique. Les coupables ont été retrouvés, jugés et exécutés. Mais certains se sont échappés.
Parmi eux, une femme, leur inspiratrice, leur muse. Sa simple existence est un risque : tant qu'elle vit, la connaissance menant à la bombe reste accessible. Elle a disparu, n'a laissé aucune trace, pas l'ombre d'une ombre. Des hommes disent pourtant l'avoir rencontrée : savants, soldats, terroristes, ermites... Ont-ils rêvé ?
Voici le récit d'une enquête, de l'Asie à l'Europe, des terres dévastées jusqu'aux sociétés hypertechnologiques de l'après-catastrophe. Un jeu de pistes, doublé d'une plongée dans les archives digitales de notre futur, avec le plus fou des enjeux : refermer la boîte de Pandore.

L'avis du site unwalkers

L L Kloetzer, Ananamnèse de lady star : mille romans en un, une lecture intense et jouissive, et foncièrement brillante….


2 eme lecture avec un livre de ces auteurs et ce n’est pas Cleer une fantaisie corporate dont je parle

J’ai eu le plaisir de lire « le royaume blessé »qui m’avait fait grande impression. Lisant de la fantaisie à la Gemmel , j’ai pris un aller-retour cinglant avec cette histoire à l’époque, parfois dérangeante mais nez en moins excellente, blague à part.

Et nous voilà donc avec ce roman, et sa quatrième de couv, alléchante ainsi que les propos de l’éditeur, un roman qui renouvelle le genre et le reste ou qui fera date, un truc dans ce style !!!!

On en conviendra directement que la trame est nouvelle, que l’écriture est dense, chaque chapitre à sa propre structure et son phrasé narrative, le chapitre 3 par exemple …….

Avantage, j’ai lu une nouvelle de L L Kloetzer dans un recueil de SF, « Retour sur l’horizon » en folio, il n’y a pas longtemps ,et quel plaisir de le redécouvrir dans ce roman, ce fameux chapitre 3 imbriqué à sa place.

http://www.unwalkers.com/retour-sur-lhorizon-presente-par-serge-lehman-folio-sf/

L’inventivité de cette trame post apocalyptique tient la route et dure. Si certains livres tiennent difficilement sur cette fameuse durée après ou pendant un tsunami iconique ou pas, L L Kloetzer ne lasse et ne laisse jamais le lecteur en plan, même si il reste des zones d’ombres volontaires pour que ce lecteur rêve un peu, et fasse travailler ses dernières neurones.

Notons aussi que chaque chapitre peut se lire indépendamment et constitue une novella à lui tout seule. On pourrait relire le livre dans un ordre aléatoire, qui comblerait de plaisir me semble-t-il.

Un fabuleux roman qu’on prend le temps de lire pas question, ici de sauter des passages pour aller à l’essentiel. L’écriture foisonnante nous emmène très loin. Je me suis fait surprendre par un qualificatif à travers une strophe qui m’a emporté d’un coup au japon et déclenché des images. Impressionnants ! Et sans drogues, pas belle la vie ?

Texte impressionnant d’inventivité narrative, que d’idées par chapitre, permettant une approche différente d’un roman lambda.

C’est là où je rejoins l’éditeur qui dit que ce roman fera date :

Oui il le fait.

Page 187 on flirte avec la poésie, sur un des meilleurs chapitres du livre, émouvants.

On a cette sensation de posséder un truc, plus on avance dans ce livre, ce sentiment vous savez, d’avoir entre les mains…. le livre !!!

Quid d’un livre par ailleurs, c’est mille livres que nous lisons, mais pas un roman total.

A travers son texte L L Kloetzer pose un regard bienveillant mais d’une acuité certaine sur les futilités de notre monde.

Beaucoup de champ sont balayés en loucedé , la quête initiatique, de la philo, de la sociologie, de la calligraphie comme moyen, et tant,. Et l’histoire, de la matrice originelle aux suivantes aux déviantes, de l’archéologie numérique, de la mémoire mutante ou en cours.

La possibilité sur un livre de cette envergure que la fin soit à chier est toujours probable, mais il n’en est rien, au contraire….au grand contraire, vous le lirez…

Lecteurs c’est à vous d’investir dans un livre, donc, qui fait date, si il ne vous le fait pas, il vous rendra heureux en lecture et vous aurez ce sentiment de posséder …….le livre…..et de voyager intra et extra muros, ce qui n’arrive que peu souvent, non ? Si…..

pour aller plus loin…..

http://lependu.blogspot.fr/2013/04/anamnese-de-lady-star.html

http://lunesdencre.eklablog.com/



superbe couverture, avec des couleurs peu utilisées, du fond à la forme, parfait !

http://www.unwalkers.com/l-l-kloetzer-ananamnese-de-lady-star-mille-romans-en-un-une-lecture-intense-et-jouissive-et-foncierement-brillante/

L'avis de la librairie Charybde

Après CLEER, magistrale première collaboration entre Laurent et Laure Kloetzer, en 2010, le couple nous revient en ce mois d’avril 2013 avec 270 pages qui devraient – je pèse mes mots – faire date. Anamnèse de Lady Star est certainement l’un des meilleurs romans étiquetés « science-fiction » que j’aie lu ces dernières années, et l’un des meilleurs romans – tout court –, traitant avec ambition et exigence d’un agencement du devenir collectif et des devenirs individuels, que je connaisse.

Une difficulté pour en rendre compte reste d’éviter tout dévoilement dommageable, car si le suspense n’est pas, du tout, le moteur principal du roman, la joie des découvertes et des connexions inattendues y est bien présente, jusqu’au bout… Je vais m’y efforcer, en ne présentant « clairement » que les éléments factuels établis dès les premières dizaines de pages.

Dans un futur plutôt proche a lieu le Satori. L’espèce humaine titube quelques mois, quelques années, au bord de l’anéantissement, après qu’une bombe terroriste d’un genre tout à fait particulier – s’attaquant, visuellement, à la structure psychique et cognitive de l’esprit humain – a été utilisée à Islamabad, et ait rapidement contaminé des centaines de millions d’individus, bien au-delà des visées des apprentis sorciers ayant commis l’attentat.

Autour de ce point zéro du Satori, qui domine la chronologie des 70 années qui seront évoquées dans le roman (15 avant, 55 après), il s’agit bien de « refermer la boîte de Pandore » (que représente l’existence de cette bombe), boîte de malédiction ouverte par une poignée d’universitaires avant-gardistes « illuminés », avec le soutien de militaires dépassés par leur création et d’idéologues dévoyés à même de kidnapper le produit de leurs recherches conjointes… De la commission d’enquête internationale chargée d’établir les responsabilités du désastre et de traquer les coupables aux organisations plus secrètes s’auto-mandatant pour éradiquer le risque de récidive au plus profond possible, de base militaire japonaise en hôtel de luxe abandonné en Suisse, L.L. Kloetzer a su, comme dans le roman précédent, mais à la puissance 10, éviter le piège de l’essai futuriste bavard déguisé en récit.

Le roman suit au plus près quelques personnages, dont les puissances, les fragilités ou les faiblesses, à l’instar des deux consultants employés par CLEER, constituent les véritables moteurs du roman. Personnages d’enquêteurs dévoués, scrupuleux, voire doués, qui doivent toutefois s’inventer un destin individuel au-delà de la traque à laquelle ils se consacrent… Personnages, surtout, qui se réorganisent en permanence, qu’ils le veuillent ou non, autour de la figure centrale du récit, toute en beauté, en absence et en dissimulation, présence fantômatique mais pourtant bien réelle qui, créature fantastique nécessitant des trésors d’attention pour pouvoir exister, cherche elle-même une voie possible, une existence, en précédant les enquêtes pour mieux s’y fondre…

Car parallèlement à l’enquête devant clore le passé, l’espèce humaine décimée doit absolument s’inventer un futur, s’abstraire si possible d’une planète devenue trop dangereuse, tant que rôderont victimes en sursis et pièges symboliques à retardement. Dans cette quête d’univers nouveau où les plus pointus savoirs-faire en matière d’environnements informatiques ludo-poétiques ne peuvent que jouer un rôle essentiel, c’est peut-être de la fusion pourtant a priori impossible de ces désirs individuels contradictoires qu’une synthèse victorieuse pourra naître.

Un roman passionnant de bout en bout, dont l’écriture d’une rare précision technique reste nimbée, comme dans CLEER, d’une poésie diaphane, et dont la résonance, comme une ultime note de basse distordue mais porteuse, dure bien longtemps après la fin de la lecture.

http://www.charybde.fr/l-l-kloetzer/anamnese-de-lady-star