mercredi 23 juillet 2014

Chronique de Mathieu sur Goodreads

https://www.goodreads.com/review/show/619990954?book_show_action=true&page=1

Les Kloetzer jouent donc avec leur lecteur, lui dévoilant à l'avance des éléments que l'enquêtrice découvrira plus tard et, à l'inverse, livrant après coup au lecteur des éléments connue de Magda. Une construction à mi-chemin entre World war Z pour le côté témoignage et Le Déchronologue pour les constants aller-retours passé / présent.

C'est d'ailleurs le petit reproche que l'on peut adresser au roman : on a parfois du mal à raccrocher les wagons d'un passage à l'autre, les changements de narrateurs et l'écriture parfois cryptique (à dessein visiblement) pouvant facilement troubler la lecture (surtout quand on lit tard le soir, hum).

Mais foin de mesquines ergoteries ! Bien écrit, prenant et intelligent, voilà déjà bien assez pour un roman.

lundi 21 juillet 2014

Prix Rosny aîné

Lors de la 41ème convention nationale de science-fiction à Amiens, Anamnèse de Lady Star a reçu, ex-æquo avec le roman d'Ayerdhal Rainbow Warriors, le prix Rosny aîné 2014 !

Un grand merci aux jurés pour leur soutien !

Plus d'informations sur ce prix ici même :
http://www.noosfere.org/rosny/


Chronique des lectures trollesques

http://lecturestrollesques.blogspot.ch/2014/07/anamnese-de-lady-star-l-l-kloetzer.html

Un univers riche, passionnant mais exigeant, que j'ai trouvé tout à la fois fascinant et en même temps un peu trop complexe. J'ai été perdue à plusieurs reprises pendant ma lecture, et j'ai eu du mal à trouver les clés pour comprendre, car les réponses ne sont pas livrées au lecteur sur un plateau : il faut aller les chercher soi-même ! Avec Anamnèse de Lady Star, attendez vous à un roman dense et original, une plongée en apnée dans la traque de Lady Star, personnage central et pourtant fuyant, que le lecteur invente et compose à partir de son imagination et des différents témoignages recueillis par l'enquêtrice Magda tout au long du récit. Une expérience à part !

lundi 14 juillet 2014

La chronique de Gromovar, dans Bifrost n°71

Un an après sa sortie papier, voici publiée la chronique de Gromovar, parue originellement dans le Bifrost n°71.

http://www.quoideneufsurmapile.com/2014/07/retour-de-chronique-anamnese-de-lady.html

Mais l’essentiel n’est pas là. Le background n’est qu’un fond sur lequel se déroule le plus important, la convergence progressive de la chasseuse et de la proie, seule réalité à occuper le devant de la scène en pleine lumière. Ce qui importe dans Anamnèse, c’est la quête. Retrouver et neutraliser « la » femme, la dernière qui possède en mémoire le secret de la bombe iconique qui a anéanti l’Humanité. C’est cette tâche que s’assigne une jeune chercheuse, Magda, poussée par un mentor qui y a voué sa vie. Pour cela, elle doit remonter dans le temps ; retrouver les traces subliminales de la femme dans l’océan infini des documents informatiques, réaliser l’anamnèse, c’est à dire l’histoire des antécédents de la maladie, de la personne, ou de ses incarnations (au choix, les trois s’appliquent ici). Comme les archéologues numériques Qeng Ho du « Au tréfonds du ciel » de Vernor Vinge, Magda fouille les bases de données, les blogs, les enregistrements publics et privés, les archives des réseaux sociaux, les vestiges d’un univers virtuel. Elle y cherche des preuves de l’existence de la femme mystère et des indices sur sa localisation. Aidée d’outils de data mining ultra-performants, elle fouille l’énorme botte de foin des mémoires informatiques sur la trace de la paille qui s’y cache. Et souvent, ce n’est même pas la paille qui est signifiante ; l’absence parfaite, trop parfaite, de toute preuve, là où il devrait y en avoir une, signifie sans équivoque l’effacement des données, donc la présence préalable de la chose. Prouver les omissions ou les mensonges des témoins survivants aussi ; après des décennies, la mémoire est une chose fragile, a fortiori si on joue avec. Magda elle-même connaît mieux en se remémorant, en tirant presque involontairement les fils de sa mémoire, dans un processus de réminiscence (anamnèse) dont l’aboutissement la choque en l’éclairant.

Tout ceci serait difficile mais raisonnable si la proie était une simple femme. Ce n’est pas le cas. « La » femme est Elohim, non humaine mais si proche. Passant d’apparence en apparence, d’identité en identité, de lieu en lieu, de nom en nom, et de rôle en rôle, « la » femme est irrésistiblement attirée par le désir qu’on éprouve pour elle ; ce désir l’attache à la matière et il faut la nommer pour l’y attacher plus encore et, en quelque sorte, la définir. « La » femme au centre d’Anamnèse semble être une Idée platonicienne que le désir humain fait s’incarner dans le monde sensible, que le désir de nombreux humains (y compris ceux qui la traquent pour la tuer) fait pénétrer irrésistiblement sous maintes formes dans le monde de la matière. Et c’est la gageure de Magda, comme celle du philosophe, de dépasser par la raison le multiple, de remonter à l’unique par une dialectique ascendante, et de voir, par delà les informations sensibles infiniment variables, la Vérité essentielle de la chose. Mais qu’elle est longue et difficile la sortie de la caverne !

Chasseuse et proie se trouvent finalement. La traque s’achève. Le risque est écarté (ou pas). Peut-on annihiler une idée (celle de la bombe iconique ?), et peut-on tuer une Idée, aussi longtemps que quelqu’un espèrera (même dans le secret de l’âme) son incarnation ?

Remontant du passé vers le présent et alternant dans chaque phase passé et présent, dans un traitement qui rappelle le « Mémento » de Richard Nolan, LL Kloetzer joue avec l’attention du lecteur qui doit se souvenir sans cesse où il est, à quel moment, et qui parle car les locuteurs alternent aussi. Loin de la linéarité abordable de cet autre récit de reconstitution historique post apocalyptique qu’est le « World War Z » de Max Brooks, Anamnèse brouille les témoignages et les traces, plaçant par là même le lecteur dans la peau de son héroïne, au cœur d’un écheveau particulièrement embrouillé et touffu.

samedi 12 juillet 2014

La chronique de geekette.fr

http://geekette.fr/2014/07/anamnese-de-lady-star-de-l-l-kloetzer/


Dans un futur plus ou moins proche, l’humanité est frappée par une arme terriblement mortelle qui va décimer les trois quarts de la populations mondiale : labombe iconique.
Lors d’un attentat à Islamabad, jour 1 du calendrier post-apocalyptique baptisé leSatori, cette bombe va exploser et rependre sa calamité. La plupart des personnes qui ont vue l’explosion sont frappés de perte des sens puis meurent… et ceux qui survivent propagent par une simple parole, un regard, un signe… cette malédiction aux autres hommes.
Peu après cette catastrophe les survivants vivent reclus sur des îles tels le Japon, Malte, l’Irlande… et bien entendu la justice et les militaires de ces états cherchent à punir les coupables, et surtout faire en sorte que la recette de la bombe iconique soit perdue à jamais pour l’humanité !
Nous découvrons ici les enquêtes successives de différents protagonistes pendant les 50 années suivant le Satori, condensées et poursuivies par la jeune Magda Makropoulos… En remontant quelques années avant l’attentat d’Islamabad et en combinant les différents témoignages de survivants, elle va s’apercevoir qu’une figure centrale émerge : une Elohim, fille des étoile, aux noms multiples… Qui est toujours présente lors d’événements clés, et arrive toujours à s’échapper et disparaître depuis plus de 50 ans. Magda pourra-t-elle l’arrêter ? Cette Elohim est-elle la clé de la bombe ?

Voilà une enquête très prenante ! Le récit est extrêmement bien construit. Plusieurs fois en commençant un chapitre qui m’amenait vers de nouveaux lieux et de nouveaux personnages, je me suis sentie perdue, avec l’impression de ne rien comprendre… Mais au fur et à mesure des voiles se lèvent, et tout devient limpide, pour s’imbriquer avec le reste du roman. On a réellement l’impression de fouiller dans l’histoire du Satori, de pister l’Elohim… On se sent investi dans cette recherche d’une certaine manière ! Investi, car ce roman n’est pas vraiment un « easy-reading » : il faut être concentré, faire un effort pour imaginer, analyser, comprendre… Mais c’est un vrai plaisir de jouer à faire des hypothèses sur la manière dont ces histoires s’emboitent.

Les thématiques abordée, notamment la création d’univers virtuels pour suppléer à la morosité des cités / prisons où vivent dorénavant les humains, m’ont beaucoup plu, et me font encore poser des dizaines de questions sur le réel et le virtuel dans l’univers brossé par L. L. Kloetzer. Et histoire de brouiller un peu plus les pistes, l’auteur injecte comme personnages clés un trio de chanteuses suisses, Norn, quasi-déesses dont les chants deviennent des mythes pour les habitants de cette futures Terre…
J’ai apprécié aussi la présentation d’un monde insulaire, où les derniers humains se barricadent pour échapper aux regard et paroles des Porteurs Lents, ces humains devenus sauvages… ceux qui ne meurent pas directement de la maladie et vivent ainsi des années tout en pouvant contaminer les autres.
Je vais m’arrêter là, car il y a une foule de détails, de mythes, de paysages, de sensations… qui rendent cet univers cohérent et séduisant.

Je ne peux que vous conseiller ce roman, qu’on m’avait présenté comme « difficile ». Je m’attendais alors au Festin Nu a vrai dire !… Il n’est pas dur à lire, mais il demande un investissement, un niveau de concentration et d’attention, pour imaginer et comprendre le Monde frappé par la bombe iconique.
Mais si vous êtes fan de SF, n’hésitez pas, foncez !!!
Merci encore à Denoël pour ce partenariat